Erik « le Rouge » et la vitamine D

La lecture de ce titre éveille déjà, j’en suis certain, une grande question. Quel lien peut-il bien y avoir entre le célèbre chef Viking Erik le Rouge, la vitamine D et… les Indiens d’Amérique?

L’Histoire retient surtout leur confrontation au 10ème siècle, alors qu’ Erik le Rouge et ses guerriers abordèrent les côtes d’Amérique du Nord. Cependant il existe un autre lien plus susceptible d’appuyer notre sujet.

Erik le Rouge à cette même époque découvrait le Groenland. Il y envoie alors une colonie qui, pour une raison demeurant longtemps mystérieuse, s’éteint très rapidement.

Bien des années plus tard, lorsqu’on exhuma les restes de ces lointains colons, on constata que leurs os étaient atteints de déformations, notamment au niveau du pelvis chez les femmes, ce qui rendit leurs désirs de descendance relativement compromis. Or, ces particularités n’ont pas été rapportées pour les Indiens d’Amérique, on les décrivait même comme des êtres « de haute stature » à l’ossature parfaitement développée. Alors pourquoi une telle différence? C’est bien ici qu’intervient enfin notre vitamine D.

C’est une vitamine liposoluble très particulière, tout d’abord parce qu’elle donne des « instructions » à de nombreuses cellules et orchestre des mécaniques physiologiques indispensables à la vie, on peut la considérer ainsi comme une hormone. Ensuite, elle est apportée en partie par l’alimentation (les poissons en contiennent) mais elle est aussi fabriquée par notre corps en réaction à la lumière du soleil par des zones réceptives aux ultraviolets; les pattes chez les oiseaux, les oreilles chez les lapin et la peau pour nous-mêmes. Seuls les poissons synthétisent la vitamine D sans aide de la lumière du soleil.

Ce n’est pas le cas de notre Erik, qui n’a pas hérité du surnom « le Rouge » pour ses talents de plagiste et pourtant cette vocation aurait bien arrangé la destinée de ses troupes, qui, en s’établissant dans la région avaient clairement boudés les habitudes alimentaires locales à base de poissons et le sunlight arctique était trop faible pour synthétiser en quantité suffisante la vitamine D. Cette carence fit place à l’ostéomalacie, fatale à la survie de la colonie. Les Indiens d’Amérique furent eux aussi décimés mais, à balader leur plumes à demi-nus sous le soleil, la vitamine D resta innocentée.

Aussi appelée « vitamine antirachitique », c’est la raison pour laquelle en 1865, le Dr. Armand Trousseau, inspiré des travaux de son confrère Anglais Dale-Percival, mena une grande campagne recommandant l’huile de foie de morue pour de nombreux enfants Français. Il aura fallu attendre la fin des années 1920 pour que lien entre la prévention ou la guérison du rachitisme et la vitamine D soit clairement établi. Nous savons aujourd’hui qu’elle a un rôle immunitaire, dans le métabolisme du calcium, dans le développement et la différenciation des cellules et dans la préservation des muscles.

Avec une une exposition suffisante au soleil (de 15 à 30 minutes par jour), elle est produite en grande quantité (de 50 à 90%) par la peau. Une personne jeune à la peau claire peut synthétiser jusqu’à 10000 UI (unités internationales) en une journée. Il est probablement possible de se constituer des réserves annuelles avec une bonne exposition au soleil tout au long de l’été. Le reste est apporté en plus faible quantité par l’alimentation.

Huile de foie de morue (1 cuillère à soupe)3400
Hareng cru900
Saumon (cuit à la vapeur)500
Sardines 300
Thon en boîte 230
Céréales50
Œufs (1 seul) 40
Sources alimentaires les plus riches en vitamine D en Unités Internationales pour 100 grammes.

Il est souvent difficile d’aborder la question de nos réels besoins tant la dose recommandée change selon les sources et les époques. De plus, les apports conseillés par les autorités de santé ne sont la plupart du temps pas des recommandations sur la dose idéale mais des indicateurs de la quantité de vitamines reçue par un citoyen moyen.

En France le CNERNA (Le Centre national d’études et de recommandations sur la nutrition et l’alimentation) évalue par exemple les besoins quotidiens à 400 UI de 1 à 19 ans, 400 UI pour un homme adulte, 800 UI pour une femme adulte, 600 UI pour la femme enceinte et 480 UI pour la femme allaitante et la personne âgée. Toutefois les besoins de l’enfant en pleine croissance, de la femme enceinte et des personnes âgées sont très certainement sous-évalués.

Il faut souligner que plus la peau est bronzée, moins elle fabrique de vitamine D, pour profiter des UVB, il est préférable de s’exposer peu mais entre 11 et 16h, enfin, il est important de ne pas vous auto-médicamenter sans connaitre le dosage.

Source: Le nouveau guide des vitamines, Thierry Souccar et Jean-Paul Curtay, Seuil 

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